PERCEPTIONS DE LA MÉNOPAUSE DANS LE MONDE

L’occident

Dès les années 50, ce regard avant tout socio-culturel, favorise la mise en avant de traitement médicaux. Le premier livre de (Robert A. Wilson10, 1963)  publié en 1963 « Féminine forever », qui compare la ménopause à une maladie comme une autre, un défaut de la nature, renforce considérablement la médicalisation de la ménopause. Il devient indispensable de prendre un traitement substitutif pour pallier à cette anomalie. Certaines publicités vantaient les traitements hormonaux avec ce slogan : « Pour que la femme reste femme ». Elle ne le serait donc plus ??

Dès les années 70, les mouvements féministes se révoltent contre ce concept d’une ménopause comme « maladie » et au contraire, essayent de mettre en avant le fait que la ménopause est un phénomène naturel qui ne pose aucun problème pour une majorité de femmes.

En Occident la valorisation de la femme dépend de sa fécondité et de son attrait sexuel. Ses fonctions féminines étant biologiquement déterminées, d’un point de vue social, le passage à la ménopause cause à la femme des dégâts physiques et émotionnels. Certaines sont fragilisées par cette transformation de l’enveloppe corporelle et se confrontent avec difficulté au regard d’autrui. Le pouvoir de séduction peut alors être remis en question.

Les pays musulmans

Le Coran a une grande influence sur la vie quotidienne. Le sang menstruel est impur mais il reste un élément majeur du potentiel de procréation. En effet, pour beaucoup de femmes musulmanes, la ménopause signifie la fin de la fécondité et le risque d’être répudiée. Au Yemen, par exemple, la loi a officialisé la polygamie si la première épouse est stérile ou ménopausée.

La Chine et le Japon

Ces deux pays ont de la ménopause une conception radicalement différente de la nôtre :

En chine, les règles sont dépendantes de phénomènes lunaires, car la femme est assimilée à la lune qui subit des variations mensuelles. Sous influence du nombre 7 : les règles apparaissent à 14 ans (7×2) et disparaissent à 49 (7×7). Les menstruations sont liées à l’équilibre de deux méridiens, le jenn mo et le tchong mo. Tant qu’ils travaillent en équilibre les cycles sont normaux. Dès qu’il y a une rupture de cet équilibre il y a une perte d’énergie et la ménopause s’installe.

Au Japon, jusque dans les années 50, le mot ménopause n’existait pas. La notion de changement, qui est mise en évidence par le terme correspondant à celui de la ménopause, est le mot « konenki ». La ménopause est assimilée à un passage progressif d’une situation de jeunesse vers une situation de vieillesse, d’ailleurs le mot vieillesse en japonais se dit « ronenki ». Depuis les années 50, les japonaises ont modifié leur opinion sur la ménopause. Elles ont tenté d’assimiler ce concept de passage de la jeunesse vers la vieillesse, en essayant de dominer les désagréments de cette période par leur volonté propre. La ménopause est donc plus un concept qu’une entité réelle et n’est pas un évènement important pour la majorité des japonaises.

L’Inde, un point de vue très intéressant

En effet dans ce pays soumis au régime des castes, les coutumes changent beaucoup selon le milieu socioculturel.

Chez les Rajputs, la ménopause est considérée comme un évènement positif car les femmes sont exclues en grande partie du lien social dans la période des règles. Mais lors de la ménopause, elles peuvent rejoindre les hommes dans les assemblées de village et participer aux décisions communes.

Pour les Sikhs, la fin des règles signifie la cessation d’une situation d’impureté, le passage à la ménopause représente le nettoyage final de leur vie et les rend à nouveau pure. Ce nouvel état les libère d’un certain nombre de tâches ménagères comme la préparation commune des repas pour la famille. Cette nouvelle situation leur donne autorité sur les femmes plus jeunes et leur permet, comme pour les Rajputs, de participer aux réunions villageoises avec les hommes. La ménopause est donc valorisante pour ces femmes.

En Océanie et chez certaines peuplades de Micronésie

Le statut de la femme ménopausée est très valorisant. Parfois elles acquièrent un pouvoir magique, deviennent guérisseuses ou sorcières. Grâce à ces pouvoirs, elles sont respectées et vénérées.

Sur le continent africain 

La dépendance religieuse est très importante. Dans le contexte de polygamie musulmane de certaines régions d’Afrique, la perte de la fertilité chez les femmes ménopausées menace toute leur existence sociale, avec un risque de répudiation. Dans d’autres régions comme l’Ouganda ou l’Ethiopie, cette situation est à l’opposé. En Ouganda, la femme ménopausée devient socialement l’égal de l’homme et peut exercer son autorité sur les enfants de la tribu. Chez certaines populations d’Ethiopie, les femmes peuvent, après la ménopause, entrer dans les sites sacrés et toucher les aliments rituels alors que cela leur était interdit auparavant. En Afrique du Sud, chez les zoulous, la ménopause est très valorisante, elle donne un nouveau statut social important, à l’égal des hommes.

En conclusion

Si le concept de ménopause est relativement récent, en tant que mécanisme physiologique, il est extrêmement présent dans le tissu social et la vie familiale, car lié à la notion de fécondité. La fin de ce potentiel de procréation a des conséquences directes pour la famille, la tribu, le peuple. Elle s’apparente, dans certaines cultures, à la mort ou, au contraire, rend plus belle la notion de vie. Cette notion de procréation « vie et mort » conduit à construire un système social et religieux entièrement basé autour du thème de la fécondité. Selon les sociétés, les religions, et plus encore selon l’époque, le passage à la ménopause peut être vécu comme une véritable libération ou renaissance ou au contraire, une véritable mort physique ou intellectuelle.